Sep 2025
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L’essor des pièces d’investissement asiatiques : comment les Panda, Lunar et autres redessinent le marché mondial des métaux précieux
Par StoneX Bullion
Pendant de nombreuses décennies, le marché des pièces d’investissement a été fortement façonné par les classiques occidentaux. Le Krugerrand sud-africain, la Maple Leaf canadienne et l’American Eagle ont fixé les standards et dominé le commerce international des pièces d’or et d’argent. Au cours des quarante dernières années, toutefois, ce tableau a nettement changé. Les émissions asiatiques ne sont plus des produits de niche exotiques, elles sont devenues une composante solidement établie du marché mondial des métaux précieux.
En particulier, la série chinoise Panda et la série australienne Lunar ont montré que les pièces d’investissement peuvent conquérir de nouveaux marchés non seulement par le poids et la finesse, mais aussi par le symbolisme culturel et le design artistique. À cela s’ajoute le fait que les marchés asiatiques eux-mêmes, emmenés par la Chine et l’Inde, comptent parmi les plus grands acheteurs d’or au monde. L’Asie n’est donc pas seulement acheteuse, elle est aussi une force motrice qui façonne le commerce mondial des métaux précieux.
La pièce Panda chinoise : un motif animal comme carte de visite mondiale
L’histoire du succès des pièces Panda a débuté en 1982. Cette année-là, la Banque populaire de Chine a lancé la première série de Panda en or. La pièce différait fondamentalement des modèles occidentaux. Alors que le Krugerrand montre l’antilope springbok depuis son introduction en 1967 et que la Maple Leaf présente la feuille d’érable sans changement depuis 1979, la Chine a opté pour des dessins changeant chaque année.
Chaque émission montre un ou plusieurs pandas dans des scènes différentes, parfois joueuses, parfois calmes, parfois avec du bambou, parfois dans des paysages stylisés. Ce renouvellement systématique du dessin a rendu la Panda immédiatement doublement attractive, d’une part comme pièce d’investissement classique, d’autre part comme objet de collection. À chaque émission, les investisseurs recevaient une nouvelle image et beaucoup ont développé l’ambition de constituer des séries complètes par millésime.
La portée de la série a rapidement dépassé la Chine. Les pièces Panda ont aussi trouvé les faveurs de l’Europe et de l’Amérique du Nord. La variété des formats était particulièrement intéressante. Très tôt, des Panda sont apparues non seulement en or, mais aussi en argent et, pendant un temps, en platine. En outre, toute une gamme de dénominations, du vingtième d’once jusqu’au kilogramme, a été frappée.
Un pas notable a eu lieu en 2016 lorsque la Chine a converti les indications de poids de l’once troy au système métrique. Depuis, la pièce d’or standard ne pèse plus une once troy, 31,1 grammes, mais 30 grammes. Par cette décision, la République populaire a souligné son indépendance vis-à-vis des standards occidentaux tout en renforçant son alignement sur le marché intérieur, où les unités métriques sont la norme. Pour les investisseurs internationaux, cela a d’abord impliqué un ajustement, mais, à long terme, une nouvelle normalité, puisque la Panda continue de se négocier dans le monde entier.
La série australienne Lunar : un symbolisme asiatique venu de Perth
L’Australie s’est également assuré une position internationale avec une série culturellement orientée vers l’Asie. La série Lunar de la Perth Mint est apparue pour la première fois en 1996. Elle est calquée sur le zodiaque chinois du calendrier lunaire, qui comporte douze signes. Chaque année est consacrée à un animal, rat, bœuf, tigre, lapin, dragon, serpent, cheval, chèvre, singe, coq, chien et cochon.
D’emblée, ces motifs étaient plus qu’une simple décoration. Ils mobilisaient des traditions profondément ancrées en Asie de l’Est. De nombreux acheteurs en Chine, à Hong Kong, à Taïwan et à Singapour se sentaient culturellement interpellés parce qu’ils retrouvaient leur propre année de naissance, ou celle de leurs proches, dans le zodiaque.
Pour les investisseurs et les collectionneurs du monde entier, la série offrait un attrait particulier. Un nouveau motif paraissait chaque année, devenant d’emblée une édition limitée. Il en est résulté que certains millésimes sont rapidement devenus difficiles à obtenir et ont commandé des primes de collection marquées. Les émissions représentant le dragon ou le tigre sont encore considérées aujourd’hui comme des temps forts.
La Perth Mint a poursuivi la série en plusieurs cycles. La première a couru de 1996 à 2007, suivie de Lunar II de 2008 à 2019. Depuis 2020, la troisième série est en cours, qui représentera de nouveau les douze signes du zodiaque sur douze ans. Ce faisant, la Perth Mint a établi un concept réussi s’adressant à la fois aux marchés asiatiques et aux investisseurs internationaux.
D’autres émissions asiatiques en plein essor
À côté des Panda et des Lunar, un nombre croissant de pièces venues d’Asie, ou liées à l’Asie, arrivent désormais sur le marché international. En Corée du Sud, la monnaie d’État KOMSCO émet les séries Chiwoo Cheonwang et Korean Tiger, qui séduisent des collectionneurs du monde entier avec des dessins modernes et des tirages limités.
Singapour a lancé ses propres pièces d’investissement avec la série Lion, qui combine un symbolisme régional et des standards d’investissement internationaux. En Inde, il existe des Sovereigns sous licence qui renvoient à la tradition britannique de frappe tout en étant produits spécifiquement pour le marché local. Comme l’or joue un rôle central en Inde pour les mariages, les fêtes religieuses et la préservation du patrimoine, ces pièces s’inscrivent dans une pratique culturelle pluriséculaire.
Ces exemples montrent que l’Asie n’est pas seulement consommatrice d’or, elle impose activement ses propres produits sur les marchés internationaux des métaux précieux.
L’importance croissante des marchés asiatiques
La Chine et l’Inde sont aujourd’hui les plus grands acheteurs d’or au monde. En Chine, l’or s’est de plus en plus imposé comme instrument d’investissement, non seulement sous forme de lingots et de bijoux, mais aussi de pièces. En Inde, l’or est ancré dans la culture depuis des siècles, principalement sous forme de bijoux, bien que des produits d’investissement tels que pièces et lingots gagnent aussi du terrain.
Avec la hausse de la prospérité dans les deux pays, le nombre d’investisseurs particuliers augmente. Pour de nombreuses familles, l’or est considéré comme une réserve de valeur transgénérationnelle. Cela signifie que les séries asiatiques connaissent une demande énorme non seulement à l’international, mais aussi sur leurs marchés domestiques.
Différences entre pièces d’investissement occidentales et asiatiques
La comparaison révèle des différences nettes. Alors que des classiques occidentaux comme le Krugerrand ou la Maple Leaf conservent délibérément un motif inchangé pour créer confiance et reconnaissance instantanée, les pièces asiatiques ont tendance à expérimenter davantage la variété.
Les pièces Panda se distinguent par leurs représentations annuelles changeantes de l’ours, la série Lunar par sa référence au zodiaque. Les émissions asiatiques mobilisent des symboles profondément enracinés dans la culture de la région. Ce symbolisme crée un lien émotionnel fort pour les acheteurs. En outre, les monnaies asiatiques travaillent plus fréquemment avec des tirages limités qui créent sciemment la rareté et un potentiel de collection.
Les pièces asiatiques sont donc souvent une forme hybride. Elles servent de produits d’investissement tout en développant une valeur de collection. Pour les investisseurs, cela offre la possibilité de bénéficier à la fois du prix du métal précieux et de primes portées par la rareté et la popularité.
Impact sur le marché mondial
La montée des pièces d’investissement asiatiques a modifié la structure du marché mondial des métaux précieux. Là où quelques classiques occidentaux dominaient jadis le paysage, une nouvelle diversité a émergé. Pour les investisseurs, cela signifie un éventail plus large d’options permettant des stratégies différenciées.
La série Panda, par exemple, attire les collectionneurs qui souhaitent constituer des séries complètes, tandis que le Krugerrand convient davantage aux investisseurs « purs » sans ambition de collection. La série Lunar offre un mélange des deux. C’est une pièce d’investissement standardisée, mais la limitation de certains millésimes en fait un objet de collection.
Pour les négociants et les bourses, la montée des pièces asiatiques a rendu le marché plus dynamique. Les émissions asiatiques se négocient désormais sur les plateformes internationales aussi aisément que les classiques occidentaux, ce qui accroît la liquidité et souligne la nature globale du marché des métaux précieux.
Opportunités et risques pour les investisseurs
Les pièces d’investissement asiatiques offrent de nombreuses opportunités. Elles sécurisent la valeur intrinsèque du métal tout en ouvrant la possibilité de bénéficier de primes de collection. Pour les investisseurs qui souhaitent considérer à la fois la perspective du placement et celle de la collection, elles constituent un ajout intéressant au portefeuille.
Dans le même temps, il existe des risques. Les primes sur certains millésimes sont élevées, ce qui peut rendre l’entrée plus coûteuse. Certaines émissions sont difficiles à obtenir et le passage du Panda au système métrique a montré que des changements peuvent compliquer les comparaisons. Quiconque investit dans des pièces asiatiques devrait donc observer de près quels millésimes sont particulièrement recherchés et comment le marché évolue.
L’Asie comme nouvelle source d’impulsion sur le marché des pièces
La montée des pièces d’investissement asiatiques constitue un changement significatif dans le commerce international des métaux précieux. La Panda chinoise a montré qu’un dessin changeant chaque année séduit à la fois investisseurs et collectionneurs. La série Lunar a prouvé que des symboles culturels peuvent acquérir une portée mondiale. De nouvelles émissions en provenance de Corée du Sud, de Singapour et d’Inde élargissent l’offre.
Avec le pouvoir d’achat croissant en Asie et l’ancrage culturel de l’or, l’importance de ces marchés continuera de grandir. Pour les investisseurs, cela signifie qu’ils ne choisiront plus seulement entre Krugerrand, Maple Leaf ou Eagle. Les pièces asiatiques représentent des alternatives équivalentes.
Ceux qui investissent dans des pièces d’investissement asiatiques investissent non seulement dans l’or ou l’argent, mais aussi dans une part d’identité culturelle et dans le dynamisme d’un marché encore en évolution.